L’Algérie s’arme à Moscou et Washington. Madrid veut ressusciter ses anciennes colonies
Le chef de la diplomatie algérienne, Abdelaziz Belkhadem, est attendu aujourd’hui à Rabat pour d’éventuels entretiens avec son homologue marocain avant la tenue du 7ème sommet de l’Union du Maghreb Arabe. Le ministre algérien qui a commencé sa tournée par Nouakchott serait porteur d’un message du président Bouteflika à Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
L’Union du Maghreb, un rêve qui tarde à voir le jour
depuis 1989, se trouve être toujours l’otage
essentiellement des obstacles dressés par l’Algérie
contre toute forme de règlement du dossier du Sahara marocain
dans le respect de l’intégrité territoriale du
Royaume. L’Algérie a récidivé encore une fois
lors des discussions de l’accord-cadre proposé par James
Becker qui octroie une large autonomie à nos régions
sahariennes dans le respect de l’intégrité
territoriale du Maroc. Les séparatistes du Polisario, eux,
continuent à trouver le plus grand appui auprès des
autorités d’Alger. Des centaines de nos compatriotes
continuent à être détenus dans des conditions
inhumaines sur le sol algérien malgré toutes les
interventions de plusieurs ONG et la liste des marques de bon
voisinage
algériennes envers le Maroc est encore longue.
Quelques jours avant la visite de M. Belkhadem à Rabat, c’est une forte délégation militaire algérienne qui était à Moscou négocier de nouveaux contrats pour l’achat d’armes et le contexte actuel devait pousser à se poser des questions sur cette tendance d’Alger à s’armer davantage. Toutes ces données poussent les observateurs à s’interroger sur les chances réélles de l’édification d’un groupement régional fort et économiquement intégré entre les pays du Maghreb arabe.
Au nord, l’Espagne à son tour continue de parler de
relations de bon voisinage et d’excellence
des rapports
entre Madrid et Rabat. L’Espagne, on s’en souvient, a
également tout fait pour mettre des bâtons dans les roues dans
l’accord-cadre sur le Sahara marocain au sein du Conseil de
sécurité de l’ONU. Quelques mois avant ces
discussions, le voisin ibérique autorisait l’organisation,
un précédent dans les rapports entre Etats, d’un
référendum pour l’auto-détermination du peuple
sahraoui
.
Forte de sa présidence de l’Union européenne, l’Espagne a récemment tout fait pour imposer le dossier de l’immigration dans les discussions européennes et demande que soient prises des sanctions contre les pays émetteurs de clandestins. Au sud, le Maroc est bien désigné pour d’éventuelles représailles alors que, juste après le 11 septembre, l’Espagne a essayé de faire le lien entre terrorisme et immigration clandestine en protestant à la fois contre des rapports d’ONG locales et internationales l’épinglant aussi bien pour l’accueil réservé aux clandestins que le traitement dont font les frais des gosses marocains à Sebta et Mellilia.
C’est aussi le dossier de ces deux villes marocaines occupées dont Madrid ne veut rien savoir. Mellilia et Sebta restent l’un des derniers exemples de colonisation dans le monde après que des pays ont pu récupérer leurs territoires de manière pacifique après des négociations politiques. C’est cet aspect qui fait l’essentiel d’une récente déclaration de M. Benaissa devant la Chambre des représentants où il a renouvelé le rejet par le Maroc du permis délivré par les autorités de Madrid à la société pétrolière Repsol pour des prospections dans les eaux territoriales marocaines.
Ces bonnes relations
sont de nouveau évoquées au
moment où Madrid et Londres se sont mis à la table des
négociations concernant Gibraltar. Madrid demande à ce que
ce dossier soit résolu alors qu’il fait silence total sur
les revendications marocaines concernant Sebta et Mellilia.
C’est tout ce contexte qu’il faut assainir aujourd’hui avant toute autre chose. L’UMA ne pourrait être édifiée sans la reconnaissance de l’intégrité territoriale du Maroc et l’arrêt de toute sorte d’hostilités. De même qu’il ne saurait être question d’un véritable partenariat avec l’Espagne et une région méditerranéenne stable sans une solution à l’occupation espagnole. Le bon sens le veut.