Ce mardi s'ouvre au Memling la conférence sur les dimensions sociales de l'ajustement structurel

By Baudouin Wamwana, Le Potentiel (Kinshasa), 11 September 2001

Kinshasa, RD/Congo—La conférence sur les dimensions sociales du programme de l'ajustement structurel s'ouvre ce mardi 11 septembre 2001, sauf imprévu, à l'hôtel Memling sous le coup de 10 heures. Organisés sous les auspices de la Confédération internationale des syndicats libres (Cisl) et son Organisation régionale africaine (Oraf) avec le concours des partenaires congolais, à savoir l'Union nationale des travailleurs du Congo (Untc) et la Confédération démocratique du travail (Cdt), ces travaux vont s'étendre jusqu'au jeudi 13 septembre courant.

Plusieurs organisations syndicales de travailleurs et patronales sont attendus à ce forum sans oublier les membres du gouvernement et les représentants des organismes du système des Nations Unies. L'intérêt que revêtent ces assises, c'est qu'elles se tiennent au moment où la Rdc négocie son virage vers un processus démocratique qui le conduira à mettre sur pied un nouvel ordre politique et institutionnel. Ce processus a commencé avec la tenue du prédialogue intercongolais à Gaborone au Botswana du 20 au 24 août dernier en attendant le dialogue proprement dit qui se déroulera dès le 15 octobre prochain à Addis-Abeba, en Éthiopie.

A ce stade où le pays a atteint un niveau de pauvreté inacceptable et insupportable, et ayant amorcé un processus de réformes macro-économiques graduelles pour s'en sortir, les organisateurs pensent qu'aucun progrès ne sera possible dans la reconstruction et le développement de la Rdc, sans la participation de tous les partenaires démocratiques avec, à leurs têtes, les syndicats de travailleurs, voués à la lutte pour la paix durable.

Par ces assises, les organisations de travailleurs de la Rdc, comme toute l'Afrique, qui veulent relever le défi de l'ajustement structurel, tiennent à prouver à la face du monde qu'en ce début du troisième millénaire, elles doivent être pleinement considérées comme de vrais partenaires sociaux à part entière, malgré quelques minimes progrès réalisés avec le concours des institutions financières internationales ayant reconnu récemment l'importance de consulter, durant la période de l'ajustement, les formations syndicales libres et démocratiques.

Étant convaincues du fait que l'application du Programme d'ajustement structurel (Pas) en Rdc aux années 80 n'a pas amélioré la situation sociale du pays, mais c'est l'inverse qui s'est produit: dégradation des conditions de vie et de travail, du pouvoir d'achat, remise en cause des acquis sociaux, désengagement de l'État des entreprises publiques, chômage chronique, manque d'emploi pour les jeunes diplômés..., la Cisl, l'Oraf et leurs affilées congolaises l'Untc et la Cdt, tiennent, par cette conférence, à attirer l'attention du gouvernement, du patronat, de la société civile comme de la communauté financière internationale que tout programme de développement qui ne prendra pas en compte la dimension sociale n'aura pas l'aval des forces vives du pays et sera ainsi voué à l'échec.

Les objectifs de développement humain durable, soulignent les organisateurs, ne seront atteints que si «les dépenses consenties à cette fin se traduisent par des améliorations concrètes dans les conditions de vie et de travail des ménages et des individus, notamment meilleure santé, système scolaire plus adapté et plus efficace, moins de pauvreté et marginalisation des populations les plus vulnérables, etc».

L'on rappelle, par exemple, que les dépenses de l'éducation en Rdc sont restées maintenues à 0,1 % du Pnb entre 1990 et 1998; celles de la santé sont tombées de 0,8 % du Pnb en 1990 à 0,02 % en 1998, ce qui représente 3,9 % en 1990 et 0?3 % en 1998 des dépenses totales. A cause du chômage, près de 80 % de la population active sont actuellement absorbés par le secteur informel.

Un véritable dialogue social tripartite devant alors déboucher sur des solutions acceptées par tous pour résoudre les problèmes qui se posent au pays, est plus que nécessaire. D'autant que la Cisl, l'Oraf, l'Untc et la Cdt sont d'avis que la Rdc pourra consolider le chemin de la croissance en intégrant dans son futur Programme d'ajustement structurel une dimension sociale avec la participation réelle et active des partenaires sociaux dans le cadre de la consultation, de la concertation, de la négociation et du dialogue tripartite sincère, constructif et coopératif. Cette perception syndicale est confortée, mieux, renforcée par l'option économique du gouvernement qu'est l'économie sociale du marché.

La Cisl, l'Oraf, l'Untc et la Cdt réclament aussi la transparence dans la gestion des affaires publiques et la mise en place des organes tripartites tels que le Conseil économique et social. Ceci implique une prise de conscience collective qui doit se manifester en premier lieu dans le chef des dirigeants du pays, et ce, à tous les niveaux, dans l'unique but de sauver la nation. Cette volonté de changement sera exprimé à travers l'émergence de l'État de droit. L'État, insiste-t-on, devra, dans le cadre de l'ajustement structurel, remplir correctement ses fonctions de garant de l'équité à tous les acteurs économiques, de guide dans la production et la distribution des biens et services, de facilitateur et catalyseur dans la mobilisation des ressources ainsi que d'agent économique actif qui réoriente les dépenses publiques de manière à inciter la croissance, à réduire la pauvreté et à protéger l'environnement.

Dans le cadre de la coopération économique internationale, il est indispensable, pensent les organisateurs, de concevoir et de réaliser parallèlement un programme d'ajustement des mécanismes régissant le fonctionnement et le partage de l'économie mondiale, sans lesquels tous les efforts d'ajustement structurel internes des pays, particulièrement des Pays moins avancés (Pma) comme la Rdc, deviendront nuls et engendreront davantage d'effets pervers. Rendez-vous donc pour cet avant-midi.