Sur les 72 zones industrielles et 449 zones d’activités que compte le pays, la zone industrielle de Sétif, située à 5 kilomètres du chef-lieu de la Wilaya, est actuellement l’une des plus importantes zones d’activités en Algérie. Classée dernièrement meilleure zone viabilisée, elle puise son importance dans le nombre et la qualité des entreprises implantées. D’une superficie totale de 282 hectares, la zone compte actuellement 94 entreprises, dont 35 publiques et 59 privées, occupant respectivement la surface de 68 et de 144 hectares. Les entreprises exercent dans différents domaines d’activités touchant à l’industrie du plastic, de l’électronique, de la réalisation, de l’agroalimentaire, les minoteries, les briqueteries et l’emballage. Outre l’étendue de la surface occupée, la zone industrielle de Sétif est dotée de différents réseaux : routes, AEP, DEP, éclairage public, voie ferrée, clôtures, etc. L’image que donne cette zone au visiteur n’a rien à voir avec la situation de délabrement et d’anarchie dont souffrent la majorité des zones industrielles au niveau national, notamment à Alger, où sont implantées la plupart des entreprises. La situation géographique de la wilaya de Sétif, située à 300 kilomètres à l’est d’Alger et au carrefour de trois principales autres wilayas, notamment Béjaïa et Jijel (110 km) et Constantine (120 km), a fait que la zone est devenue très prisée par les opérateurs économiques au point où aucun terrain n’est actuellement disponible. C’est le cas également pour la zone industrielle d’El Eulma, située à 20 km du chef-lieu de la wilaya et dont la gestion revient à l’entreprise de gestion de la zone industrielle locale EGZI-Sétif. Cette dernière regroupe au total 35 entreprises, dont 30 privées et 5 publiques, occupant une surface respectivement de 61 et 169 hectares et viabilisée à 100%. Il faut dire, cependant, que toute cette organisation, qui fait la fierté de la région, cache malheureusement un malaise profond exprimé par les gestionnaires mêmes de la zone industrielle. Pour le directeur général de l’EGZI-Sétif, Babas Aïssa, plusieurs problèmes subsistent en dépit des efforts consentis et de l’abnégation du collectif de l’entreprise. Des problèmes qui sont de différentes natures, juridique, organisationnel, et même de mentalité. L’entreprises, selon M. Babas, arrive difficilement à joindre les deux bouts. Pour la gestion des deux zones, l’EGZI-Sétif ne dispose que de 17 millions de dinars, ce qui est très insuffisant par rapport à la mission de l’entreprise. Le manque de participation des opérateurs économiques installés fait également défaut. L’autre écueil souligné par M. Babas est celui relatif au cadre juridique qui régit actuellement les zones industrielles. Le texte de loi, d’après lui, doit être revu et doit être arrimé aux nouvelles donnes de l’économie de marché et de la concurrence et, du coup, permettre un meilleur fonctionnement des entreprises de gestion des zones industrielles.
En dépit du caractère non-lucratif de l’entreprise, une taxe d’activité industrielle et commerciale est imposée à celle-ci par les services des impôts. Ce qui est, aux yeux de M. Babas, une aberration. L’ouverture de l’Algérie sur les marchés extérieurs, notamment après la signature de l’accord d’association avec l’Union européenne et l’adhésion prochaine à l’OMC, a remis sur le tapis le dossier de la gestion des zones industrielles et l’épineux dossier du foncier. Le premier examen du dossier a été fait par le conseil du gouvernement du 9 janvier dernier. Un programme relatif à la réhabilitation et à la modernisation des zones industrielles et des zones d’activités a été soumis au gouvernement par le ministre de l’Industrie et de la Restructuration, lequel programme a été élaboré sur la base du constat qui met en exergue les insuffisances constatées au niveau du dispositif de gestion de ces zones. Il vise notamment à combler le vide juridique par l’élaboration d’un avant-projet de texte législatif relatif aux zones industrielles et au foncier industriel, à élargir et à renforcer l’opération de réhabilitation des infrastructures au niveau de ces zones, à accélérer le processus de régularisation du foncier industriel attribué, à réorienter les capacités foncières et les infrastructures inutilisées et, enfin, à assouplir les procédures d’accession au foncier industriel au profit des investisseurs. C’était ensuite au tour du Conseil des ministres du 27 janvier 2002 de traiter ce dossier. Le Conseil des ministres a entendu une communication du ministre de l’Industrie et de la Restructuration sur le programme de réhabilitation et de modernisation des zones industrielles et des zones d’activités et aux mesures élaborées en vue de la réhabilitation et la modernisation des zones industrielles. Cette communication a fait ressortir que l’Algérie dispose d’un important parc en zones d’activités estimé à 72 zones industrielles et 449 zones d’activités implantées sur une surface de 22 000 hectares.
Cependant, la localisation de ces zones n’a pas été menée sur la base de critères objectifs, ce qui fait que ces zones n’ont pu répondre à leur finalité et satisfaire les besoins en demande de lots de terrain industriels. Compte tenu de cette situation, l’accent est mis sur la nécessité de renforcer les opérations de réhabilitation des infrastructures des zones, d’accélérer le processus de régularisation du foncier attribué et d’assouplir les procédures d’accession au foncier industriel ainsi que de mettre en place un schéma national d’aménagement du territoire intégrant les zones industrielles. Intervenant à l’issue du débat, le président de la République a souligné avec force l’impératif de l’utilisation rationnelle et optimale du patrimoine foncier industriel. Cette ressource, qui tend à devenir de plus en plus rare, doit être mise à la disposition des véritables investisseurs et ne pas faire l’objet d’immobilisations injustifiées et parfois de détournement de sa vocation.