AlgerLe président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), le docteur Saïd Sadi, a souligné hier dans un entretien publié par le Soir d'Algérie que «l'intégrisme islamiste est une doctrine primaire et totalitaire». «A la base, l'intégrisme islamiste est une doctrine primaire et totalitaire» et «se donne tous les moyens pour s'imposer au monde», a-t-il indiqué en abordant les attentats terroristes du 11 septembre dernier aux Etats-Unis.
A ce sujet, le leader du RCD souligne que «dans la phase historique particulière que nous vivons, il y a deux attitudes à éviter». La première, selon Saïd Sadi, est de «se laisser gagner par l'instinct de rejet global en assimilant la religion musulmane à l'islamisme» et «c'est très exactement ce que voudrait l'Internationale islamiste» alors que la deuxième attitude, «apparemment, mais apparemment seulement, opposée à la précédente», consiste à «cultiver l'hypocrisie qui découple terrorisme et intégrisme». Toujours en ce qui concerne cette seconde position, Sadi précise que «c'est un peu l'erreur qu'ont longtemps commise les Occidentaux et que continuent de commettre nos dirigeants». «Pour nous, Algériens, le problème réside, d'abord, dans l'indécision des dirigeants», ajoutera-t-il ensuite. De l'avis du chef de file du Rassemblement, ces responsables «sont bons dans la ruse, la manoeuvre, l'intrigue mais deviennent d'une affligeante inefficacité quand il faut bâtir et projeter la nation sur le long terme».
Le président du RCD estime, en somme, que «le drame qui a ciblé les USA préfigure de nouvelles évolutions dans la gestion de la sécurité mondiale et des relations internationales». «L'humanité qui a renié le colonialisme semble vouloir, enfin, répudier l'intégrisme», poursuit le docteur Sadi avant de souligner que «plus que jamais, notre combat doit intégrer ces évolutions fondamentales». C'est sans doute pourquoi Saïd Sadi n'a pas manqué de retracer les grandes lignes de l'alternative que propose le RCD : la «Refondation nationale». A ce propos, il réitère que «le débat auquel nous appelons doit permettre à chacun de se déterminer clairement sur un certain nombre de valeurs et de se positionner dans le courant républicain démocrate ou le camp conservateur qui auront à occuper la scène algérienne bipolarisée après décantation». La décantation est, en effet, présentée comme un préalable dans cette oeuvre refondatrice.
A propos de la Coordination des démocrates algériens (CDA) qui milite en faveur de l'union des forces démocratiques, le docteur Sadi se déclare optimiste malgré certaines différences d'approche. «Ces différences sont normales et même nécessaires si l'on veut que l'ensemble des sensibilités démocratiques convergent lors de la décantation qui doit précéder la refondation de l'Etat que tout un chacun considère, aujourd'hui, comme un impératif national», estime le président du RCD. Interrogé sur une précédente déclaration du président du FFS, Hocine Aït Ahmed, qui, précise le journal, avait qualifié les arouch de «produit des moukhabarate», le leader du RCD déplore «tant d'aveuglement» avant de poursuivre que «reconnaĆ®tre aux moukhabarate la possibilité de mobiliser des millions de personnes, c'est les créditer d'une légitimité qui insulte la détermination des citoyens et la mémoire de tant de martyrs».Kabylie toujours, Saïd Sadi relève qu'«il faut être d'une grande mauvaise foi pour ne pas voir l'essentiel des messages délivrés par ce mouvement [les arouch, NDLR] constitué de personnes structurées politiquement ou non et qui admet, dès le départ, ses limites et sa pluralité dès lors qu'il se définit lui-même comme un mouvement citoyen qui a porté des revendications tout à fait légitimes». Plusieurs autres points chauds du débat national et international ont été abordés dans cet entretien étalé sur trois pages du Soir d'Algérie.
A sa lecture, on apprend notamment que «l'idée d'un forum pour l'intégration démocratique de l'Afrique du Nord fait son chemin» chez les principales forces socio-politiques des pays de la région. Aussi, l'adhésion du RCD à l'Internationale socialiste «se pose en termes de reconnaissance et de légitimité du combat des démocrates algériens face à l'intégrisme et au régime». Sadi souligne que «les choses avancent mais le dossier algérien est complexe tant il a été enlisé dans l'équation du choix entre le régime et l'intégrisme».